Comment financer son entreprise ? Les conseils des experts

Pauline Capmas-Delarue pour Widoobiz – 15 juin 2018

Banquiers, entrepreneurs et réseaux d’accompagnement ont répondu présent pour nous dévoiler leurs conseils sur le financement, à l’occasion du Salon des Entrepreneurs de Lyon.

Comment financer son entreprise, depuis sa création jusqu’aux différentes phases de développement, et en particulier, lorsque l’on est une femme ? Telle était la thématique de la conférence « Entrepreneures, osez un grand projet ! », organisée par la Caisse d’Épargne et donnée hier lors du Salon des Entrepreneurs de Lyon. L’occasion de mettre en lumière les conseils d’experts du secteur, pour bien financer votre projet.

Plus que les hommes, les femmes ont tendance à s’autocensurer

44 % des dirigeantes estiment que les échecs de création d’entreprise seraient dus à un manque de financement. Pour Florent Lamoureux, Directeur du Marché des Professionnels Caisse d’Épargne, une des raisons qui pourraient l’expliquer est que les femmes ont tendance à s’autocensurer. Par perfectionnisme ou par excès de prudence, elles hésitent parfois à se lancer ou à demander l’aide de leur banque. « Les hommes y vont la fleur au fusil, même s’ils ne sont qu’à moitié prêts. Les femmes, quant à elles, ont une plus grande aversion au risque. Souvent garantes du bien-être de la famille, elles se disent qu’elles n’ont pas le droit de se planter, car il y a trop d’enjeu ».

L’expert tient à les rassurer : « c’est notre métier, en tant que banquier, de vous dire si votre projet est viable ou non. On est là pour vous pousser dans vos derniers retranchements, vérifier que vous avez bien pensé à tout en élaborant votre business model. Et s’il y a une zone d’ombre, ce n’est pas grave, il faut retravailler votre projet et revenir nous voir ».

« Si vous n’êtes pas prêt, vous avez la possibilité d’avoir trois rendez-vous gratuits avec un expert-comptable, afin de tester votre projet et de le peaufiner », ajoute Agnès Bricard, Présidente d’honneur du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables. « Quant aux garanties bancaires, il faut aller les chercher auprès de Bpifrance, qui va ensuite les transmettre à votre banquier dans les 48 heures ». Bien sûr, la banque publique d’investissement n’est pas la seule à offrir des garanties aux créateurs.rices d’entreprises. C’est aussi ce que proposent plusieurs réseaux d’accompagnement.

« Certaines associations accordent aussi des prêts d’honneur, sans intérêt ni garantie »

« France Active fournit des garanties pour les entreprises des quartiers prioritaires, les entreprises sociales et solidaires, les femmes seules et les demandeurs d’emploi », souligne Maud Naquin, Chargée de mission pour France Active et Initiative France. « On souhaite valoriser les boîtes respectueuses de l’environnement, engagées vis-à-vis de l’emploi et du territoire ». Certaines associations accordent aussi des prêts d’honneur, sans intérêt ni garantie. C’est le cas d’Initiative France, mais aussi du Réseau Entreprendre. « Généralement compris entre 8 000 et 20 000 €, les prêts d’honneur ont un effet de levier qui multiplie par 7 les chances d’obtenir un prêt bancaire », précise Agnès Bricard.

Florent Lamoureux rappelle néanmoins l’importance d’être ambitieux, lorsqu’on souhaite créer une entreprise et obtenir des financements. « Généralement, il faut jouer gros pour gagner gros. Avoir un projet ambitieux dès le départ permet non seulement d’être pris au sérieux, mais aussi de demander une somme d’argent suffisante pour le mener à bien ». Si vous avez des doutes ou des difficultés à définir votre business model, misez sur l’accompagnement. Car les réseaux d’entrepreneurs ne servent pas qu’au financement : leur rôle est avant tout d’accompagner les startups dans leur croissance, principalement durant leurs premières années d’existence.

« En tant qu’incubateur, on est là pour faire travailler ensemble, rompre l’isolement des entrepreneurs »

« Chez Initiative France, on vous propose un parrainage », précise Maud Naquin. « Vous êtes suivi par un expert bénévole, qui vous aide à prendre du recul et vous accompagne sur des problématiques de stratégie et de développement ». De son côté, Action’Elles mise sur l’entraide entre les créatrices d’entreprise. « On est simplement des nanas qui avons un métier compliqué, avec plusieurs casquettes, et qui avons décidé de nous entraider », souligne Nadia Kalah, présidente de l’association. « Nous avons également tout un réseau de partenaires pour accompagner les porteuses de projet sur leur financement, tant au niveau de la création que du développement de leur entreprise ».

Autre option : se faire incuber ou accélérer. « En tant qu’incubateur, on est là pour faire travailler ensemble, rompre l’isolement des entrepreneurs », explique Sylvain Brissot, Directeur du B612. « Car au-delà du financement, l’important dans un projet, c’est de pouvoir le confronter aux autres. Son banquier, ses proches… mais aussi ses pairs. En deux ans, on a reçu 120 porteurs de projets et on en a fait rentrer 27, spécialisés dans la fintech ou la transformation digitale ». À la fois incubateur et accélérateur, le B612 est financé par la Caisse d’Épargne Rhône-Alpes. Cela lui permet, en plus de ses espaces de coworking, d’avoir un comité d’investissement, composé d’entrepreneurs et de membres du directoire de la banque. Et donc de financer certaines des startups qu’il incube.

Votre premier levier de financement, ce sont vos clients

« Attention cependant à ne pas perdre de vue votre premier levier de financement : vos clients », rappelle Anne-Laure Plessier, fondatrice de Cocoom. « C’est une des seules validations que vous pouvez avoir en début d’activité. Une fois que vous aurez compris qui ils sont, ce qu’ils sont prêts à vous acheter et à quel prix, c’est là que vous pourrez aller parler à votre banquier ou à Bpifrance ». La jeune femme, incubée au B612, déplore également que l’on entende toujours parler de startups qui ont levé des millions, sans jamais savoir ce qu’elles vont en faire. « Ce qui fera que votre business fonctionne une fois que vous avez levé, c’est de ne jamais avoir perdu votre focus client ».

L’importance des clients, Delphine Chartron, fondatrice de Vasimimile, l’a bien comprise, car elle a reçu son premier financement sur Ulule, une plateforme de crowdfunding. Ce qui lui a permis non seulement de récolter 7 500 €, mais aussi, de tester son projet – et son marché. Un prêt d’honneur et un prêt bancaire d’un total de 40 000 € ont suivi, lui donnant un véritable coup de pouce pour lancer son business. « On a fait du bénéfice dès la deuxième année », souligne la jeune femme, qui souhaitait générer du chiffre rapidement. Ce qui lui a permis ensuite de prétendre à un prêt de croissance. Proposés par Bpifrance et par plusieurs réseaux d’entrepreneurs, les prêts de croissance permettent d’accompagner les entreprises de plus de trois ans et financièrement saines dans leur développement. Un vrai atout pour booster votre croissance, une fois lancés !

Vous pouvez voir (ou revoir) la conférence dans son intégralité ci-dessous, ou sur notre page Facebook :

Pauline Capmas-Delarue

-- PUBLICITE -- Prix Etienne Marcel

Ces articles peuvent également vous intéresser

Les commentaires sont fermés.

Haut