Administrateurs : former les femmes ET les hommes

D’après le dernier rapport du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, 1265 mandats d’administrateurs s’ouvriront à des femmes dans les entreprises privées d’ici à 2017. Comment devenir administratrice ? Réponse par Mireille Faugère, présidente du comité de formation de l’IFA (Institut français des administrateurs) et Agnès Bricard, fondatrice de la FFA (Fédération des femmes administratrices).

Quelles sont les qualités requises pour devenir administratrice ?

Mireille Faugère. Ce sont les mêmes que celles d’un administrateur. Il faut avoir une bonne maîtrise du fonctionnement d’un conseil d’administration. Il faut comprendre les responsabilités à assumer. On confie souvent les postes d’administrateurs à des personnes ayant des compétences de manager. Des qualités comme la disponibilité sont également nécessaires. En effet, l’administrateur doit fournir un travail de préparation avant le Conseil, ce qui nécessite du temps et du sérieux.

Agnès Bricard. Une entreprise doit d’abord se demander « quel profil je recherche pour créer de la valeur ? » Après s’être posée cette question et après seulement, elle peut dire « je veux une femme » parce que les femmes leaders créent de la valeur. Elles ont une capacité d’étonnement et d’écoute, nécessaires au poste d’administratrice. En effet, faire preuve d’écoute est un atout pour faire remonter ce que les membres d’une entreprise constatent sur le terrain.

Comment former les futures administratrices ?

Mireille Faugère. L’IFA délivre une formation avec Sciences-Po qui s’adresse aux hommes et aux femmes. Il ne s’agit pas d’une formation spécifique pour les femmes. Nous portons un projet de professionnalisation. Les dossiers de candidature sont étudiés par un comité de sélection afin de retenir uniquement les plus motivé(e)s. A la fin de cette formation, ils obtiennent, s’ils ont réussi, un certificat d’administrateur. Nous apportons des notions techniques, juridiques et comptables et nous proposons des jeux de rôle avec des simulations de conseil. Nous délivrons aussi des cours d’aide au comportement. Il est essentiel, pour une femme surtout, d’apprendre à oser prendre la parole, de parvenir à exprimer son point de vue lors d’un Conseil.

Agnès Bricard. Les lois « Copé-Zimmermann » et « Sauvadet » réfléchissent sur une professionnalisation du profil d’administrateur. Auparavant, il s’agissait surtout d’une embauche liée à des similarités. Par exemple, si tu as fait la même école que moi, je te prends. Maintenant, on veut développer une vraie aptitude des administrateurs. La formation n’est pas obligatoire. Une cheffe d’entreprise n’a pas obligatoirement besoin d’une formation, elle sait étudier des dossiers. Mais une directrice de communication qui souhaiterait faire partie du conseil d’administration, par exemple, a besoin d’une formation financière.

Pourquoi parle-t-on toujours de la formation des femmes administratrices et pas de celle des hommes ?

Mireille Faugère. Les hommes pensent qu’ils sont plus spontanément doués alors que les femmes ont le syndrome de la bonne élève. Elles pensent devoir suivre une formation pour réussir. C’est un travers que l’on retrouve dans la vie professionnelle. Cette petite musique n’est pas portée par l’IFA. Les hommes aussi ont besoin d’être formés.

Agnès Bricard. Les femmes se sont dit « Je ne connais pas les codes » donc j’ai besoin de me former. Nous partons du principe que la formation n’est pas obligatoire et que la validation d’acquis peut suffire. Cependant, la formation est un vrai plus. Les hommes ont d’ailleurs fait le constat que les bonnes questions sont souvent posées par des femmes qui ont reçu une formation. Ils veulent à leur tour se former. La formation n’est pas seulement utile pour les femmes mais pour la modernité de la gouvernance des entreprises.

Source : lexpress.fr / Photo Madeleine

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